Dans notre monde moderne, la plupart de nos activités de commerce, de communication et de loisirs fonctionnent grâce aux ordinateurs et, surtout, grâce aux logiciels (software) que ceux-ci exécutent. Il existe deux types de logiciels: ceux qui sont libres (open source software) et ceux qui sont non-libres (aussi connus comme logiciels propriétaires ou privateurs).
Qu’y a t-il de commun entre Linux, Firefox, Chrome, OpenOffice et VLC Media Player? Ce sont tous des logiciels libres! Ce type de logiciel a plusieurs caractéristiques qu’il est intéressant d’analyser.
Premièrement, un logiciel est libre s’il peut être utilisé par tous, pour tous les usages. Par exemple, le navigateur Firefox sous Linux peut être utilisé par un médecin travaillant pour le secteur public soudanais pour s’informer sur les dernières recherches médicales concernant la malaria. Bizarrement, ce même médecin n’a pas le droit de faire la même chose avec Internet Explorer sous Windows (qui sont tout deux non-libres) parce que le Soudan est un pays que les États-Unis n’aiment pas… « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres » en général… sauf dans le cas des logiciels non-libres.
Deuxièment, un logiciel est libre s’il peut être redistribué. En d’autres mots, dès que quelqu’un utilise un logiciel libre, il peut, sans violer la loi, donner des copies de ce logiciel à ses proches et connaissances. Par exemple, un enseignant qui utiliserait OpenOffice, qui est une suite bureautique libre très complète avec traitement de texte, tableur, logiciel de présentation, logiciel de dessin et base de données, peut en faire des copies et les redistribuer à tous ses étudiants pour qu’ils puissent travailler ensemble. Évidemment, la redistribution est gratuite! Pour un pays avec des moyens limités comme Maurice, cette caractéristique est importante.
[Le code source de Firefox inclut WebM, le nouveau format vidéo proposé par Google]
Troisièmement, un logiciel est libre si chacun peut étudier son fonctionnement pour, éventuellement, l’adapter à ses besoins. Les logiciels sont écrits en utilisant un langage de programmation tel que C, C++, Java ou autre. On appelle cela le code source du logiciel. Dans la plupart des cas, les éditeurs des logiciels non-libres ne donnent pas la possibilité d’examiner ce code source contrairement aux concepteurs des logiciels libres (d’où le terme open source). Pour la plupart des gens, qui ne sont pas des programmeurs, le code source n’est pas compréhensible et présente peu d’intérêt. Par contre, ceux qui manient les langages de programmation y trouvent la possibilité (1) de s’instruire en regardant ce que font les autres (ce qui est important lorsqu’on est étudiant en informatique par exemple), (2) d’ajouter des fonctionnalités pour enrichir le logiciel et (3) de corriger les erreurs qui s’y trouvent.
Ce dernier point a beaucoup d’importance: les logiciels libres sont souvent très fiables, bien plus fiables que les logiciels non-libres, parce que les erreurs de programmation sont corrigés par des utilisateurs dès qu’ils sont découverts. C’est d’ailleurs pour cette raison que des entreprises très connus tels que Google, Amazon, Facebook et Twitter utilisent majoritairement des logiciels libres pour offrir leurs services.
Quatrièmement, un logiciel est libre si chacun peut améliorer le logiciel pour ensuite le redistribuer au public s’il le souhaite. Comme chacun a accès au code source des logiciels qu’il utilise, cela permet aux plus créatifs d’entre nous d’y apporter des améliorations notables et de les partager avec les autres… Cette approche contributive du développement de logiciels libres permet de rapidement arriver à des niveaux de performance et de fiabilité phénoménaux.
Pour être complet, il est important de mentionner qu’il existe deux types de logiciels libres: ceux qui sont sous une licence virale (e.g. GPL) qui force les personnes (et les entreprises) à redistribuer leurs améliorations au public et ceux qui sont sous une licence non-virale (e.g. BSD, MIT, Apache) qui laisse la liberté aux personnes (et aux entreprises) de choisir s’il veulent redistribuer leurs améliorations ou non… Les puristes préfèrent le GPL tandis que les pragmatiques penchent plutôt pour les licences non-virales.
Les logiciels libres à Maurice
En 2008, RedHat a fait une étude sur le niveau d’activité autour des logiciels libres dans le monde en mesurant le nombre d’utilisateurs, le nombre de logiciels libres écrits, la politique instaurée par chaque gouvernement concernant l’utilisation des logiciels libres, le nombre de conférences, etc. On voit aisément que les pays occidentaux et les pays BRIC (Brésil / Russie / Inde / Chine) sont très actifs en ce qui concerne le logiciel libre.
Dans notre pays, beaucoup d’entreprises sont passées au logiciel libre. Il suffit de regarder les annonces d’emploi demandant des compétences en Linux, Java, PHP, MySQL, etc. pour s’en rendre compte. D’ailleurs plusieurs entreprises majeures de l’île font fonctionner leurs systèmes informatiques les plus critiques sur des serveurs Linux. Et ils ont raison.
Le Linux User Group of Mauritius, que j’ai aidé à mettre sur pied dix ans de cela, a pour mission d’aider les Mauriciens et les entreprises mauriciennes à adopter les logiciels libres.
Ah. J’ai oublié le plus important. Les logiciels libres sont gratuits!
[J’ai écris cet article dans le cadre de ma collaboration avec le magazine TechKnow.]