Il n’est plus nécessaire de présenter Linux. Les serveurs de Google, de Facebook et d’Amazon (par exemple) fonctionnent sous Linux et offrent une qualité de service inégalée. Linux est aussi utilisé par les smartphones Android. Par contre, Linux est rarement visible dans les foyers ce qui est dommage parce que Linux permet d’utiliser des dizaines de milliers de logiciels libres (opensource) souvent de très grande qualité.
Dans cet article, je présente quelques logiciels libres fonctionnant sous Linux pouvant être utilisés par des photographes amateurs ou confirmés pour organiser, modifier et partager leurs photos.
gphoto est un logiciel libre qui permet à Linux d’importer des photos de presque 1300 appareils photos numériques de marques et de modèles différents (de l’Apple iPhone jusqu’au Vivitar Vivicam en passant par tous les Canon, les Nikon, les Olympus et les Pentax de ce monde). gphoto peut être utilisé de façon autonome (les photos sont simplement sauvegardées dans un répertoire approprié) ou au sein d’un logiciel offrant des fonctionnalités plus avancées de gestion de photos.
Parmi ce genre de logiciels plus avancés, citons digiKam et Shotwell, ce dernier étant depuis peu le gestionnaire de photos standard d’Ubuntu (la distribution Linux la plus populaire au monde). Shotwell permet également d’organiser les photos par évènements (par date) et par mots clés (tagging). On peut mettre une note à ses photos (de zéro à cinq étoiles), de les renommer et de changer leurs dates.
Avec Shotwell, il devient facile de changer l’orientation des photos, de les recadrer, de réduire les yeux rouges et d’ajuster l’exposition, la saturation, la teinte et la température de chaque photo (manuellement ou automatiquement, en général avec de très bons résultats). Dès lors, plus de prétextes pour se contenter de photos moches…
Les possibilités de correction et de restauration de photos de Shotwell sont très souvent suffisantes mais, de temps en temps, il est nécessaire d’aller plus loin dans la manipulation d’image. Shotwell s’intègre parfaitement avec Gimp, un éditeur d’image très puissant avec une interface utilisateur nécessitant quelques heures d’adaptation pour en comprendre toute la finesse.
Les photographes avertis ont tendance à utiliser le format RAW à la place de JPEG (voir encadré plus bas) pour avoir plus de maîtrise sur le rendu final des photos. Par exemple, dans le milieu professionnel, il est impératif d’avoir un contrôle absolu sur la balance des blancs, des espaces RGB, des profiles ICC et du rendu des couleurs. Sur ces points, Shotwell ne faiblit pas. Grâce à l’intégration de libraw, Shotwell peut facilement importer des photos RAW.
Dès que les fichiers RAW sont importés, Shotwell s’interface avec UFRaw qui offre un « workflow » de gestion des couleurs de niveau professionnel. UFRaw permet de modifier la balance des blancs (automatiquement ou manuellement), le rendu monochrome (en utilisant éventuellement un mélangeur RGB), la courbe de luminosité (avec possibilité d’utiliser une courbe personnalisée NTC), la gestion des couleurs (avec choix des profils ICC pour l’appareil photo, le fichier de sortie et l’écran), la correction de la luminosité et de la saturation des couleurs, le recadrage, la rotation, la modification des paramètres EXIF et, naturellement, la sauvegarde en formats JPEG, TIFF, PPM ou PNG avec choix du taux de compression. Comme vous pouvez le constater, que du très costaud…
Que-ce que le format RAWÂ ?
Le RAW (qui signifie, bien sûr, brut en anglais) est un format de fichier produit par les appareils photos professionnels (et quelques appareils photos amateurs avec une mise à jour appropriée – voir ceci pour les Canon par exemple). Un fichier RAW contient, en général, les données enregistrées par le capteur numérique d’un appareil photo lors de la prise de vue. Ainsi, elle ne contient pas vraiment une image mais, plus précisément, des mesures électriques. Chaque appareil photo professionnel a son propre format RAW (parce que les capteurs ne sont pas les mêmes lorsqu’on change d’appareil..). Le RAW permet ensuite au photographe d’intervenir avec créativité sur la qualité finale des photos (à la manières des photographes d’antan qui intervenaient durant le processus de développement). Pour afficher un fichier RAW à l’écran, il est nécessaire d’utiliser un logiciel approprié.
Ce logiciel peut être dans l’appareil photo lui-même. Dans ce cas, l’appareil photo produit directement une image, le plus souvent dans le format JPEG. C’est ainsi pour la plupart des appareils photos amateurs. Cette solution est la plus contraignante parce que les possibilités de changer le rendu des photos par la suite sont limitées.
Dans le deuxième cas, le logiciel est fourni à l’achat de l’appareil photo (e.g. ZoomBrowser pour Canon et ViewNX pour Nikon) et permet de manipuler les images après la prise de vue. En général, ces logiciels sont commerciaux et sont relativement austères. De nombreux photographes investissent dans d’autres logiciels onéreux tels que ceux d’Adobe.
La troisième possibilité est celle que je préconise : utiliser des logiciels libres tels que Shotwell et UFRaw pour (presque) tout faire !
Après avoir passé des heures à peaufiner leurs photos, nombreux sont ceux et celles qui veulent partager les meilleures à travers les réseaux sociaux. Shotwell s’intègre parfaitement à Facebook, à Flickr et à Picasa et permet d’exporter très simplement une sélection de ses photos vers ces sites. Il va sans dire que Shotwell permet aussi d’imprimer ses photos ainsi que de créer des diaporamas.
En quelques années, les logiciels libres sont devenus incontournables. Les Linux, Apache, PHP, MySQL, Firefox, VLC, Mplayer, Android et consorts sont utilisés par des millions de personnes chaque jour. Dans cet article, nous avons vu que les logiciels libres pour la manipulation de photos numériques n’ont pas grand chose à envier aux logiciels commerciaux. Au fait, j’ai oublié le plus important : ces logiciels libres sont tous gratuits !
[Je suis Avinash Meetoo et j’ai initialement écrit cet article pour le Numéro 4 du magazine 100% Mauricien, TechKnow. J’ai quelques autres articles sur la photographie sur mon blog personnel et des articles sur le logiciel libre sur mon blog professionel. Finalement, je suis sur LinkedIn, Twitter et Facebook.]
Diren Rooben says
The “non-IT” people are not aware of these freeware. They should be made aware of them and be trained to use Linux and other free stuffs. Otherwise M$ will still rule the world. Their Windows 7 and Office suites are big successes. For the IT industry their server platforms together with .NET 4.0 and Business Intelligence suites are all big steps forward.
Avinash Meetoo says
You’re right.
But, at the same time, there is enough place for multiple software “providers”. People need to be able to choose among various possibilities.
For me, Linux and Open Source Software is a treasure chest. And this is precisely what I want to share with others.